Ave
Rappelez toi ce bavardage oiseux, qui commence à dater d'un moment ...
Car ceusses qui marnent à la maison qui s'restaure ont depuis ce temps repoussé le moment de pondre cet article monumental ...
La preuve en est que les photos datent de l'ancienne cuisine :
Bref, la question du jour, à laquelle nous allons tenter de répondre dans ce modeste bleug, est donc :
"Comment diantre brasser soit même sa binouze (indispensable à tout bon rénovateur qui se respecte) ?"
Z'êtes prêts ?
Va falloir s'accrocher hein ?
Alors, allons-y :
LES INGREDIENTS :
Il faut donc :
Du malt (c'est de l'orge qui a été mis en germination puis sèché) et un moulin :
Ici on trouve du malt pâle (ingrédient principal) et du malt caramel (car nous brassions une bière ambrée sur ce coup là) (c'est la couleur du malt qui donne le type de bière - par exemple la Guiness est faite avec du malt torrefié comme le café - et pour la bière blanche on rajoute du froment en plus de l'orge)
Des "faitouts" (qui peuvent aussi servir à autre chôse) :
Du houblon (ici en "pellet") :
Un "tank" de fermentation (ça marche aussi dans un simple bidon !) :
Un thermomètre et une horloge :
Un filtre (une simple bassine avec plein de trous) :
Il manque :
- de l'eau (z'avez déjà vu un robinet ? Oui ? Alors pas de photo !)
- de la levure
- du temps !
Et pis, c'est tout !
LE BRASSAGE PROPREMENT DIT :
Pour faire simple :
En germant, le grain d'orge libère des zenzymes gloutonnes. Leur but dans la vie est de libèrer des sucres, qui seront (en partie) transformés en alccol par les levures.
Car, pour l'instant, les sucres sont encore sous forme d'amidon (dont la levure ne sait que faire).
Le but du brassage est de faire bosser ces feignasses d'enzymes.
1ère étape : broyer grossièrement le malt avec le moulin (qui peut servir à autre chose !)(si on n'a pas de moulin, on peut le concasser au rouleau à patisserie, au maillet, ou comme vous souhaitez)(pour la photo du moulin, c'est plus haut)
2ème étape : on mélange le malt broyé avec de l'eau, comme ça :
La recette classique d'une bière blonde est de 1,6 kg de malt pâle pour 6 l d'eau.
Puis on chauffe le tout, mais pas n'importe comment puisqu'on fait plusieurs paliers ...
Bah oui, chaque enzyme a sa température préférée ouskelle bosse le mieux et comme le but de la manoeuvre est d'avoir le plus de sucres possibles .... (voyez ce que je veux dire par là ?)
Donc, classiquement, 4 paliers :
- 30 minutes à 50°C
- 30 minutes à 62 °C
- 40 minutes entre 65 et 68 °C
- 10 minutes à 76 - 77 °C
(pigez à quoi sert le thermomètre ?)
Notez que pour maintenir la température, rien ne vaut une petite isolation (NB : un vieux matelas de camping !!) :
(A ce moment, les puristes pourront faire un petit test à l'iode, comme ça :
Couleur marron = fini l'amidon !)
Rendu là, un dernier palier de 2 - 3 minutes à plus de 78 °C pour détruire les enzymes, qui ont fini leur boulot (salut les filles et à la revoyure !) ...
Du coup, on s'en débarasse avec les restes, avec l'étape suivante de ...
LA FILTRATION :
L'orge est recouverte d'une espèce de cuticule chiante (et très désagréable car elle se niche systématiquement entre les dents quand on déguste le produit qu'on cherche à obtenir) ...
Il s'agit donc de les éliminer ...
En filtrant comme ça avec la bassine pleine de trous :
On passe le mélange une fois ...
Puis on le reprend pour le refiltrer (alias : le recyclage !)
On obtient alors un espèce de "gateau" :
Le but étant toujours d'extraire un maximum de sucres, on va ensuite "laver" le gateau 3 fois avec 3 litres d''eau (à plus de 80 °C) ...
Restera d'un côté ce que les brasseurs professionnels appelent des drêches (qui servent à l'alimentation animale et qui, dans notre cas, font le bonheur des petits zoziaux qui volètent dans le jardin) :
(Précision importante :
Vaut mieux verser doucement sinon des chemins préférentiels se créent et on filtre et/ou extrait rien !)
De l'autre, on a le mout (Tadaaa), que l'on va cuire :
LA CUISSON :
Rien de bien compliqué, puisqu'on met le mout à bouillir pendant 1h30 ...
Sauf que c'est là qu'on rajoute le houblon !
Une première fournée au bout de 15 minutes d'ébullition (là, c'est pour l'amertume) ...
Une seconde 15 minutes avant d'arrêter (pour l'arôme cette fois)(on peut à ce moment mettre également de l'écorce d'orange, du réglisse, divers épices,...) ...
Rendu là, on touille fortement pour créer un effet whirlpool (les restes d'houblon s'agglomèrent au fond) :
Et voici venu le moment du soutirage dans le tank de fermentation :
Et on passe à la prochaine étape qui est :
LA FERMENTATION :
Une fois que le mout est refroidi, on peut l'ensemencer avec les levures ...
Le boulot du brasseur est quasi terminé à ce stade puisque ce sont les levures qui vont bosser !
15 jours au chaud pour commencer (là, les levures produisent l'alcool !)
1 bon mois au frais à la cave (là, les levures finissent le boulot, produisent les molécules responsables du moelleux de la bière, éliminent les mauvais goûts, etc. et décantent au fond du tank comme ça :
)
Reste à soutirer et sucrer légèrement (6g/l pour qu'il y ait des bubulles et de la mousse !) :
Puis à mettre en bouteille :
Et rebelotte :
15 jours au chaud et 1 bon mois au frais à la cave ...
En théorie, une "bière sur lie issue de fermentation haute" (car c'est comme ça que s'appele techniquement ce que vous venez de voir produire) peut se garder plusieurs années à la cave sans perte de qualité ...
Ce n'est évidemment pas le cas en pratique à la maison qui s'restaure ...
Allez savoir pourquoi ....
Y aurait-il des lutins dans la cave ?
D'ailleurs, ça m'a donné soif d'écrire tout ça ...
Santé !
(En résumé, faire de la bière, c'est cuisiner avec un oeil sur le thermomètre et l'autre sur l'horloge !)